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83 % des TPE / PME ont des difficultés à recruter des candidats correspondant aux profils recherchés

Le chômage baisse, mais les petites entreprises peinent à recruter. Elles sont ainsi une grande majorité à déplorer le manque d’expérience des candidats, ou tout simplement « l’inadéquation entre leurs propres attentes et les caractéristiques » des postulants.

 
Paradoxe : alors que le chômage baisse en France (avec un taux de 8,7 %, il est à son plus bas niveau depuis 2009), les petites et moyennes entreprises ne ressentent pas cette embellie. Selon le dernier baromètre réalisé par Bpifrance et Rexecode (sur la trésorerie, l’investissement et la croissance des PME), celles-ci sont ainsi une majorité (82 %) à avoir éprouvé des difficultés à recruter ces 12 derniers mois. Une hausse de 12 points par rapport au second trimestre 2018, quand ils étaient 70 % à ressentir la même chose.

 

Des candidats trop inexpérimentés ?

Selon 74 % des TPE et PME interrogées, la raison tient à « l’absence de candidats » (comprise au sens de candidat « adapté »). Mais pour 55 % d’entre elles, c’est aussi « l’inadéquation entre l’expérience des candidats et le poste proposé » qui explique l’échec de leurs recrutements. Les petites structures sont aussi 33 % à citer le « manque d’expérience » des postulants. Elles ne sont finalement que 17 % à citer le salaire (contre 20 % en 2018).

Enfin, pas moins de 83 % des TPE et PME ayant eu un besoin de recrutement lors des 12 derniers mois affirment que la première source de difficultés rencontrées est « l’inadéquation entre leurs propres attentes et les caractéristiques ou attentes des candidats ».

« Les TPE/PME sont plus nombreuses que l’an passé à mettre en cause certaines caractéristiques propres à l’entreprise elle-même ou son organisation pour expliquer ces difficultés à recruter. L’implantation géographique de l’entreprise prend notamment un peu plus d’ampleur. Mais ces obstacles liés à l’organisation de l’entreprise restent relativement peu cités par les dirigeants et relèvent sans doute davantage de la perception des candidats », indique l’étude (1).

 

Les entreprises revoient leur organisation

Afin de remédier à ces difficultés, 54 % des TPE / PME indiquent faire « évoluer leur politique de recrutement », en utilisant notamment les réseaux sociaux et des « cabinets de chasseurs ». Elles modifient aussi leur organisation interne : 25 % augmentent la durée de travail des salariés en place (heures supplémentaires, passage des temps partiels en temps pleins), 18 % entreprennent des actions de formation pour ces derniers, et 20 % tentent de « développer leur polyvalence ». En outre, 19 % essaient de fidéliser leurs employés en augmentant leurs salaires, ou via des primes.

Les petites et moyennes entreprises sont aussi 25 % à recourir davantage à l’intérim ou au travail détaché, afin de pallier la pénurie de candidats « adaptés » aux postes ouverts. En revanche, « les difficultés de recrutement n’incitent que peu les chefs d’entreprise à investir dans l’automatisation des tâches (13 %), et encore moins à mettre en place des solutions de mobilité de la main d’œuvre ou du télétravail (6 %) », indiquent Bpifrance et Rexecode.

 

L’Etat mise sur le « volontariat territorial en entreprise »

Toutefois, en dépit de ces actions destinées à faire face aux difficultés de recrutement, 26 % des PME déclarent avoir été « contraintes de restreindre » leur activité. C’est sans doute pour éviter qu’un tel scénario perdure que le gouvernement a annoncé, en parallèle, le lancement d’un « volontariat territorial en entreprise » (VTE), dont le but sera de « permettre aux étudiants ou jeunes diplômés d’écoles et d’universités de candidater sur des offres d’emplois proposées par des PME et ETI industrielles ». L’État et Bpifrance se sont fixés un objectif de 100 VTE signés pour la phase expérimentale, qui débutera à la rentrée de septembre 2019, puis de 2000 en 2020 et 5000 d’ici 2024.

« Le VTE leur proposera une immersion dans la vie d’une PME en exerçant immédiatement des responsabilités importantes aux côtés du ou de la dirigeant(e), et leur permet de bénéficier d’une expérience enrichissante voire déterminante pour leur entrée dans la vie professionnelle. Pour le chef d’entreprise, ce dispositif offrira une opportunité d’attirer des jeunes talents, porteurs de regards nouveaux et de compétences spécifiques, qui permettront d’accompagner les transitions de l’industrie française, participant ainsi au renforcement de son attractivité », écrit le ministère de l’Économie sur son site.

 
(1) Enquête réalisée par le centre de recherche macroéconomique Rexecode, de fin avril à mi-mai, en partenariat avec le laboratoire d’idées de BPIfrance, « Le Lab ». Seules des entreprises de moins de 250 salariés ont été interrogées, et un total de 468 réponses ont été analysées pour tirer ces résultats.

 
 

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