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Patrimoine : par où commencer ?

Quels sont les produits financiers qui marchent ? Quelles précautions faut-il prendre lorsque l’on investit dans l’immobilier locatif ? Le marché des actions et obligations vaut-il encore le coup ? Quelques éléments de réponse avec des experts en investissement et gestion de patrimoine…

Se lancer dans les placements financiers ou immobiliers ne se fait pas au hasard. Les questions à se poser sont nombreuses et la fiscalité n’est qu’une petite partie des critères à prendre en compte pour faire un choix.
Premier conseil : “Analysez sur quelle durée vous souhaitez investir : trois mois, six mois, un an, cinq ans…”, indique Philippe Gaucher, président du Groupement Cercle France Patrimoine et gérant du cabinet Delta Finance. L’horizon d’investissement est en effet un point essentiel selon lui, car nombre de placements immobilisent votre argent pour une durée plus ou moins longue. Ensuite, déterminez “le degré de risque que vous êtes prêt à supporter”.
Bien sûr, la situation ne sera pas la même selon que vous êtes propriétaire de votre résidence principale ou que vous vivez dans une location. Le régime matrimonial est également à prendre en compte (séparation de biens ou non…). Les fonds que vous souhaitez investir viennent-ils du patrimoine commun du ménage ? Sont-ils issus d’un héritage ?
Ainsi, il est impossible pour les conseillers en gestion de patrimoine de désigner un ou des produits phare, chacun étant à choisir en fonction de la situation de l’investisseur.

Épargne de précaution

Guillaume Sereaud, responsable du bureau d’études patrimoine de Fip Patrimoine, complète en affirmant qu’il faut une méthode rigoureuse : “Avant de faire placer son argent à notre client, nous faisons un audit de sa situation. En prenant en compte ses objectifs de capitalisation, ses revenus complémentaires, sa volonté de transmettre son patrimoine…”
Par quoi commencer quand on envisage de placer son argent ? Pour Philippe Gaucher, le b.a.-ba, c’est le livret A. Ce dernier est cependant plafonné (19 125 euros depuis octobre 2012). Il est aussi possible d’investir dans l’immobilier, mais il faut pour cela disposer d’un matelas de trésorerie afin de faire face aux imprévus.
C’est d’ailleurs un point essentiel pour Guillaume Sereaud : “Il faut avoir une épargne de précaution sur un livret A ou un livret de développement durable. Une première base financière en vue d’un développement sur support assurance vie, immobilier, etc.”
En effet, “si vous placez votre argent dans l’immobilier locatif, demain, le locataire peut arrêter de payer, ou votre logement peut se retrouver vide…”, prévient Philippe Gaucher. Ce dernier recommande donc d’être prudent sur ce type d’investissements, en visitant le bien que l’on compte acquérir, en comparant les prix dans un même quartier…

L’attrait de l’assurance vie

Quant aux contrats d’assurance vie, ils remportent toujours l’adhésion des conseils en gestion de patrimoine, “même si les banques n’en font plus la promotion”, regrette Philippe Gaucher. Selon le rapport annuel 2011 de l’AMF (Autorité des marchés financiers), “la communication promotionnelle sur les livrets d’épargne bancaire a dépassé celle de l’assurance vie au cours du second semestre 2011”. Et les prévisions étaient les mêmes pour 2012. La raison ? “L’assurance vie sort des fonds propres des banques. Et ces dernières ne conseillent pas forcément le client dans le sens de ses besoins…”, pointe Philippe Gaucher.
Toutefois, ce produit “reste une enveloppe particulièrement intéressante, avec une fiscalité qui privilégie la perception d’un revenu et la transmission du patrimoine”, affirme Guillaume Sereaud. À nuancer cependant, l’assurance vie rapportant de moins en moins. Sans compter que le contrat bloque l’argent investi sur plusieurs années. “Cela reste toutefois une bonne formule, estime Philippe Gaucher. Mais la rémunération n’est pas lourde. Même si elle est plus intéressante que le livret A, les taux vont continuer à baisser.”
Néanmoins, l’assurance vie dispose encore d’autres atouts, selon Philippe Gaucher, comme l’exonération sur les droits de succession, jusqu’à un certain plafond. Enfin, elle peut être diversifiée : la majorité des contrats fonctionnent en effet sur des fonds en euros, mais d’autres sont basés sur des fonds en actions, ou encore sur des fonds équilibrés.

Investissements à risque

Autre produit, plus risqué, le plan d’épargne en actions (PEA) dispose d’une enveloppe fiscale intéressante, avec une exonération d’impôt au-delà de cinq ans d’ouverture (hors prélèvements sociaux).
D’autres possibilités existent, comme le FIP ISF (Fonds d’investissement de proximité) ou le FCPR (Fonds commun de placement à risques). Le premier mêle actions et obligations convertibles en actions, le second ne contient que des obligations convertibles. L’avantage de passer par ces dispositifs au lieu d’investir en direct est l’absence d’imposition, d’après Frédéric Zablocki, directeur général d’Entrepreneur Venture (société d’investissement dans les entreprises non cotées). Le particulier ne paie en effet que les charges sociales. La contrepartie ? “Il faut rester cinq ans, indique Frédéric Zablocki. Ce n’est pas une épargne de liquidité comme le livret A, mais une épargne longue, comme l’assurance vie ou le PEA.” Les fonds de ce type sont réglementés par l’AMF.

Se diversifier

Notons enfin que la Bourse attire moins qu’avant, si l’on en croit Philippe Gaucher : “Depuis dix ans, les performances sont plus difficiles. Les gens ne sont plus prêts à subir de grandes variations. En 2007, l’environnement a changé, le profil de risque avec le même client aujourd’hui ne serait pas le même. Car il s’est aperçu que les banques pouvaient fermer.”
Que choisir entre tous ces produits (et bien d’autres) ? Cela dépend de votre profil, de vos objectifs (risque ou pas…), etc. Par ailleurs, “le marché est compliqué. Mais il y a des fonds en actions qui ont fait de bonnes performances (sur dix ans). Et cette année, des fonds obligataires ont affiché des résultats honorables”, note Philippe Gaucher. Alors : “vaut-il mieux avoir un 3 ‘sûr’ ou un 4 ‘peut-être’ ? Il n’est peut-être pas grave de perdre 2 ou 3 si l’on gagne 7 dans l’année…” À vous de trancher, en fonction de votre penchant plus fort pour la sécurité ou pour le risque.
Quoi qu’il en soit, l’important, selon lui, est de varier les investissements. “2013 va être compliquée. L’État ne tiendra pas son objectif de 3 % de déficit. Et la croissance à 0,8 % est optimiste. Il faut donc être diversifié au niveau des risques. D’autant que les rendements sont plus importants sur certains secteurs que sur d’autres.”
 

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