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2013 : une année austère pour la croissance

La zone euro se dirige vers la récession. Comment retrouver un cercle vertueux ? L’analyse de Mathieu Plane, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

 

Par Mathieu Plane, économiste au Département analyse et prévision de l’OFCE.

 

 

La France et l’Europe traversent une crise sans précédent. Le PIB par habitant en pouvoir d’achat a baissé depuis 2008 de 3 %. Sous l’effet de la chute des recettes fiscales et sociales et des plans de soutien à l’économie, la dette publique a augmenté de 25 points de PIB depuis fin 2007, atteignant presque 90 % du PIB début 2012. Le taux de marge des entreprises a perdu 4,5 points de valeur ajoutée depuis début 2008, retrouvant un niveau équivalent à celui du milieu des années 1980. La balance des transactions courantes s’est dégradée dans la crise d’un point et demi de PIB (25,7 milliards d’euros dont 10 milliards au titre de la facture pétrolière) dégradant la position nette extérieure de la France de 7,8 points de PIB. Plus de 300 000 emplois ont été détruits.

 

 

Des stigmates non résorbés

 

Le taux chômage a augmenté de près de 3 points depuis le début de la crise en France métropolitaine (9,7 % au deuxième trimestre 2012) et s’approche rapidement des niveaux records de début 1997 (10,8 %). Les jeunes, surreprésentés dans les emplois précaires, et les seniors contraints d’allonger leur durée d’activité dans un contexte de réduction du volume d’emploi, sont les premières victimes du chômage. Les chômeurs de longue durée ont augmenté de plus de 700 000 et le nombre de pauvres a crû de près de 800 000, selon l’Insee, entre 2008 et 2010.

Alors que les stigmates du choc précédent sont loin d’être résorbés, la zone euro se dirige à nouveau vers une récession. La France devrait difficilement y échapper et dans le meilleur des cas croître très faiblement. Les politiques d’austérité de grande ampleur dans l’Hexagone et dans la zone euro vont continuer à compresser les revenus des ménages et des entreprises en France mais aussi ceux de nos partenaires commerciaux localisés majoritairement en Europe. Ces politiques budgétaires amputeraient la croissance en France de près de 3 % chaque année en 2012 et 2013, laissant peut d’espoir à un scénario de sortie de crise. Même dans le schéma le plus favorable, le rythme de croissance de l’économie sera insuffisant pour faire baisser le taux de chômage. Rappelons que l’économie française commence à créer des emplois, en tendance, avec une croissance supérieure à 1 % et le taux de chômage reflue au-delà d’un rythme de 1,5 % (car il faut créer plus de 150 000 emplois chaque année pour absorber les actifs supplémentaires arrivant sur le marché du travail).

 

 

Des mesures aux effets insuffisants

 

Si la création de 100 000 emplois d’avenir en 2013 et la mise en place des contrats de génération absorberaient une partie de la hausse du chômage, les effets à attendre sont largement insuffisants pour inverser la courbe de tendance du chômage qui pourrait atteindre 11 % fin 2013. Seule une croissance dynamique, comblant les retards de production accumulés au cours de la crise (estimés à 6 points de PIB environ), permettrait de réduire à la fois le déficit public et le déficit d’emploi. Une planification à moyen terme des ajustements budgétaires au sein des pays de la zone euro, en tenant compte du cycle conjoncturel (en distinguant les déficits structurels et conjoncturels), permettrait d’apporter une solution à ce dilemme. En justifiant une politique d’austérité modérée en lien avec la situation économique, cette stratégie permettrait d’enclencher un cercle économique vertueux et de libérer une croissance trop longtemps compressée.

 

 

 

 

 

 

 

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