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“Si l’objectif des mesures annoncées par Manuel Valls est la croissance, alors il se trompe”

Mardi 9 juin, le premier ministre Manuel Valls annonçait 18 mesures en faveur des TPE-PME. Parmi elles, le plafonnement des indemnités pouvant être perçues par les salariés en cas de licenciement abusif, le CDD reconductible deux fois, ou encore une prime de 4 000 euros à l’embauche du tout premier salarié. Réaction et analyse de Denis Jacquet, chef d’entreprise et fondateur de l’association Parrainer la croissance.

Qu’est-ce que les mesures annoncées par Manuel Valls vont changer ?
Tout va dépendre de l’objectif qui est suivi. Si le but est de simplifier la vie des entreprises c’est une bonne chose ! Il serait difficile de se plaindre de décisions qui vont dans le bon sens. Le premier pas vers la simplification est donc franchi, bien qu’à mon sens la prime à l’embauche et les contrats aidés ne soient pas utiles dans le sens où il ne s’agit pas là d’une vision à long terme. Mais globalement c’est une bonne chose, il ne faut pas bouder son plaisir.
En revanche, si l’objectif des mesures est de créer de la croissance, on se trompe complètement car il n’y a pas de cohérence entre ces mesures. Lorsqu’il n’y a pas de croissance, on ne se préoccupe pas en premier des prud’hommes. Et on ne s’est pas trop mouillé non plus. On a l’impression que le gouvernement a pris le catalogue du Medef, celui de la CGPME et a pioché.

Que proposez-vous de plus ?
Je ne peux pas dire que ce ne soit pas bon, mais pour créer de la croissance, il faut qu’il y ait de la confiance. Pour cela, il fallait par exemple agir sur les délais de paiement à mon sens. La France est le seul pays d’Europe où les gens payent à 73 jours !
En outre, quand aurons-nous enfin le courage d’essayer, ne serait-ce que pendant deux ans, le contrat unique ? Renouveler le CDD n’est pas une solution. Le contrat unique peut l’être pour les entreprises de moins de 250 personnes. La déception dans cette annonce est que je ne pense pas que cela va créer des emplois en France. Or, faciliter le licenciement accentue la vitesse d’embauche paradoxalement. On le voit dans les pays anglo-saxons, dès que l’économie redémarre, les entreprises recrutent aussitôt, tandis qu’en France on attend six mois, un an.

S’agit-il alors de mesures en faveur du patronat ?
Un député frondeur gagne en moyenne 12 000 euros. Un patron de PME, lui, 4 000 euros. On parle de patrons comme si l’on était dans des boîtes cotées. Ce ne sont pas des mesures pour le patronat mais pour les entreprises. Il faut sortir de cette sempiternelle lutte des classes ! Dans les TPE et PME, lorsque l’argent entre, c’est bon pour tout le monde.
C’est un pas en avant qui aborde des sujets clés car aujourd’hui, lorsqu’une PME a une visibilité à trois ou quatre mois, c’est un miracle. Ces mesures vont nous permettre de poser un deuxième pied en avant pour avancer et cela ne se fera pas au détriment des salariés.

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