On lit partout que la création d’entreprise est la nouvelle réussite de tous et chacun. Celui qui monte sa start-up est un vaillant, un courageux qui ose prendre des risques. Les conseils de Valérie Rocoplan de Talentis, société de coaching.
Changer de vie, tout plaquer pour se lancer et être son propre patron, pourquoi pas ? Être entrepreneur est une formidable aventure. Pourtant, ne culpabilisez pas si vous avez peur de prendre le risque de tout abandonner du jour au lendemain, et si votre quotidien ne vous laisse pas le temps d’y songer, c’est tout à fait normal. Aujourd’hui, même si le parcours entrepreneurial s’est considérablement fluidifié, créer une entreprise est un travail de longue haleine, coûteux en temps et en énergie, dont la réussite n’est pas toujours assurée.
Pour plus de sécurité, vous pouvez tout à fait choisir dans un premier temps de créer votre entreprise tout en restant salarié. À moins qu’une clause de votre contrat de travail ne l’interdise, ou que votre projet ne nuise à l’activité de votre employeur. D’où la nécessité d’être transparent avec votre entreprise et de vous organiser.
Parlez-en à votre direction/ votre hiérarchie
En parler est essentiel. Se lancer dans l’aventure entrepreneuriale n’est pas de tout repos. Une fois que votre décision est prise, il est important d’en discuter avec votre entourage professionnel. Cela leur permettra de définir avec vous ce qu’il est possible de faire pour aménager votre agenda si vous en avez besoin (même s’il ne faut pas se voiler la face, il est fort probable que vos premières semaines ressemblent à un marathon). Néanmoins se rendre visible est crucial, notamment pour faciliter ensuite votre départ.
Pour rappel :
– Un salarié a la possibilité de créer sa propre entreprise tant que celle-ci ne concurrence pas l’activité de l’entreprise de l’employeur. Tout salarié a une obligation de loyauté envers son employeur que ce soit en matière de discrétion ou de non concurrence. L’activité exercée dans le cadre de la création d’entreprise ne doit donc pas porter atteinte à l’employeur. Créer son entreprise est une expérience et vous permet de développer de nouvelles compétences, ou d’en utiliser certaines que vous ne mettez pas à profit dans votre emploi actuel. C’est donc un véritable atout pour votre employabilité, que votre projet aboutisse ou pas. De plus, de nombreuses entreprises ont décidé de mettre en place des programmes d’essaimage. On en reparle au point 5. Enfin, n’ayez pas peur de parler de votre idée. L’intelligence collective est un vrai outil pour vous permettre de réduire vos angles morts, ces choses auxquelles on ne pense pas, de “taper la balle” avec quelqu’un qui peut enrichir votre réflexion.
Mais ne parlez pas que de cela !
Bien évidemment, il faudra préparer en douceur votre départ. Cette situation est forcément une situation transitoire entre votre emploi salarié et votre vie de patron de start-up. Mais avant cela, la persévérance sera votre principale qualité. Si votre univers va désormais beaucoup tourner autour de ce projet, souvenez-vous que ce n’est pas le cas dans votre entreprise. Bien sûr, vous aurez envie de ne faire que cela, mais retenez-vous d’en parler toutes les 5 minutes. Être visible c’est bien, rester investi dans le quotidien de son organisation c’est mieux. Il sera peu apprécié si vous donnez l’impression de ne rester que pour le salaire et les avantages de l’organisation, certains pourraient même vous taxer de profiteur.
Si vous devez revoir votre engagement à la baisse pour préparer votre départ, n’oubliez pas que vous travaillez toujours dans une organisation qui attend de vous des résultats. Montrez-vous organisé, et restez présent (aussi bien physiquement que mentalement) dans la vie de l’entreprise. Il faudra alors faire preuve de patience et gérer sa frustration. Pensez alors aux nombreux réseaux d’entrepreneurs pour échanger et parler régulièrement de votre projet.
Organisez votre agenda
Certaines entreprises seront tout à fait d’accord pour vous accorder un peu de temps dans la semaine pour travailler sur votre projet. D’autres non. Cela dépend beaucoup de l’intérêt de votre organisation à soutenir votre projet et même à y investir. Si votre projet ne concerne pas votre secteur d’activité ou une possibilité d’innovation pour votre entreprise, votre temps personnel est celui qui sera le plus dédié à votre création d’entreprise.
Le plus important est de bien délimiter votre temps alloué à ce projet. Combien d’heures par semaine êtes-vous prêt à y consacrer ? Ce sera surtout du temps personnel habituellement réservé à vos loisirs et à votre vie sociale qui y passera, d’où la nécessité d’être bien organisé et d’allouer des plages définies à l’avance. Le matin tôt, le soir tard, sur votre pause déjeuner… Plus votre agenda sera clair, plus facilement vous vous y tiendrez. Pour autant, ne dédiez pas tout votre temps personnel à ce projet sous peine de vous essouffler. Il est crucial de conserver des temps off pour profiter de votre famille, de vos amis, aller voir un film, etc. La productivité passe aussi par des temps pour soi.
Préparez votre départ
Il existe plusieurs possibilités pour passer à temps plein sur votre projet. Renseignez-vous sur ce qui correspond le plus à votre situation et aux politiques RH de votre organisation (congé sabbatique, rupture conventionnelle…). Préparez également votre passation avec votre successeur et vos équipes puisque c’est un départ qui va “durer”. Expliquez pourquoi vous vous lancez, votre projet, comment la suite va être mise en place, etc.
Plus vous préparez votre départ, mieux il sera vécu. C’est important de partir en de bons termes, d’autant plus quand on se lance dans l’aventure entrepreneuriale. On peut toujours avoir besoin d’un ancien collègue ou d’un ancien boss pour une mise en relation, un coup de pouce ou retrouver un job !
Pensez à entreprendre en entreprise
Enfin, ne fermez pas la porte à l’intrapreneuriat. Les grands groupes mettent de plus en plus des programmes d’essaimage en place afin de développer les capacités d’innovation de leurs équipes. Apparu aux États-Unis dans le milieu des années 1970, l’intrapreneuriat permet d’entreprendre à l’intérieur de l’entreprise. Selon la définition d’Advancia, “l’intrapreneur est le membre d’une organisation qui, en accord avec elle et tout en restant salarié, possède un projet viable, qu’il peut réaliser en son sein”. Des services novateurs en lien avec l’activité d’une entreprise peuvent naitre dans l’esprit des collaborateurs. De plus en plus d’organisations en ont conscience et accompagnent ces collaborateurs aussi bien d’un point de vue technique que financier. La Poste par exemple a développé un programme “20 projets pour 2020”.
Avec ce programme, le groupe développe l’esprit entrepreneurial et l’innovation en interne afin que tous les postiers deviennent acteurs et bénéficiaires de la transformation de l’entreprise.
Visionnez cette courte vidéo pour en savoir plus www.youtube.com/watch?v=AadM-zWOUto
Pour en savoir plus sur les dispositions légales liées au statut de créateur-salarié :
www.apce.com/pid916/le-salarie-createur.htmlC=173
