Entreprendre

“Les banques continuent de financer mais le niveau d’exigence a grandi”

La question du financement fait souvent l’objet de craintes chez les porteurs de projet. Pourtant, en restant cohérent et complet dans ses démarches, il est possible d’obtenir de nombreuses aides et marques de confiance. Le point avec Stéphane Gaschet, responsable national des Point C chez In Extenso, service de conseil en création d’entreprise.

 
La banque reste-t-elle toujours le premier interlocuteur pour le futur chef d’entreprise ?
Absolument et très souvent, c’est même le financeur principal. La banque reste un acteur incontournable que ce soit pour du crédit à court ou long terme. Seulement, elle ne peut pas être un interlocuteur unique.
Souvent, ce premier rendez-vous avec le banquier effraye les créateurs. Il est vrai qu’il est important de maîtriser le bon vocabulaire et les futurs chefs d’entreprises ont aussi à l’esprit qu’il est de plus en plus difficile d’obtenir les financements auprès des banques. Aujourd’hui, elles ne financent aucun projet à 100 % et ont surtout du mal à apporter leur aide concernant tout le besoin en fonds de roulement des entreprises (trésorerie, stocks etc.).

Est-il essentiel de disposer d’un apport pour présenter son dossier à la banque ?
Il faut intégrer que l’on va obligatoirement demander au créateur un apport personnel qui peut aussi venir de la famille et des amis. À cela s’ajoutent les prêts d’honneur qui peuvent être apportés par les réseaux associatifs comme Initiative France ou encore Réseau Entreprendre. Ces derniers sont analysés par les banquiers comme des capitaux propres et font levier auprès des établissements bancaires. Aujourd’hui, la banque demande 30 à 40 % d’apport personnel, mais tout dépend des dossiers.

De nouveaux modes de financement viennent s’ajouter à ces premiers canaux. Sont-ils réellement efficaces pour la création d’entreprise et notamment les projets à petite échelle ?
Le financement participatif, ou crowdfunding, permet aux entrepreneurs d’aller chercher du financement auprès de particuliers mais aussi d’entreprises. Ce sont de nouveaux outils très précieux et les plates-formes dédiées se sont multipliées ces dernières années.
Le fait d’avoir lancé une campagne de crowdfunding et d’avoir déjà récolté des dons ou participations est également un bon argument auprès de la banque. Cela permet de montrer qu’il y a un réel intérêt pour le produit ou le service envisagé. Pour le créateur, il s’agit aussi d’un vrai test marché qui permet d’en mesurer le potentiel.

Justement, ils ont souvent du mal à s’adresser aux bonnes plates-formes, comment s’y retrouver ?
Elles sont souvent spécialisées, il suffit de sélectionner celles qui s’intéressent au même secteur que la future entreprise. Sinon, BPI France a lancé un site baptisé tousnosprojets.fr, présenté comme une place de marché du crowdfunding, elle rassemble les principaux acteurs et permet de choisir les bons interlocuteurs en fonction du projet, du montant souhaité, s’il s’agit de participations ou de préventes. Le système va permettre d’identifier les organismes les plus adaptés à une levée de fonds selon ses caractéristiques propres.

Y a-t-il d’autres interlocuteurs à ne pas négliger ?
Pour les projets de grande ampleur à fort potentiel de développement, il ne faut pas hésiter à s’adresser à des business angels. Ce sont des particuliers qui prennent des participations dans les entreprises. Mais attention, souvent ils ne se positionnent que sur des projets vraiment innovants ou à fort potentiel de créations d’emplois.
Le capital risk est aussi une option à envisager pour des projets à 500 000 ou 1 million d’euros. Elle fonctionne sur le même principe que les business angels sauf qu’elles concernent des investisseurs qui ont pour objectif de participer financièrement au développement des entreprises et de réaliser des plus-values au moment de la cession des titres.
Pour toutes ces démarches, il ne faut pas hésiter à s’entourer de spécialistes afin de bénéficier des conseils adaptés à chaque projet de création.

 

Témoignage

Jean-Baptiste Renié, fondateur du site envoimoinscher.com.
Jean-Baptiste Renié, fondateur du site envoimoinscher.com.

“Au niveau du financement de l’entreprise, le plus important, selon moi est de suivre une progression graduée. Pour ma part, j’ai misé au départ sur plusieurs dizaines de milliers d’euros. Une somme que j’ai réussi à rassembler à l’aide de quelques amis. Finalement nous sommes arrivés à 250 000 ou 300 000 euros avec l’aide de différents réseaux d’entrepreneurs. Un capital de départ qui nous a permis d’emprunter 200 000 euros. Nous avons réalisé une première levée de fonds d’un million d’euros en 2010 et une autre auprès d’un capital risker en 2013. Nous travaillons sur un troisième tour de table pour les mois qui viennent.
Je pense qu’en France, il existe des outils efficaces comme la BPI pour se faire aider et réunir des fonds à condition d’être innovant.
Je pense également qu’il ne faut pas négliger les financements indirects, c’est-à-dire toutes les aides qui permettent de faire baisser les charges comme, par exemple, le crédit d’impôt recherche pour les programmes de R & D”.

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